Citation philosophique sur l’état de nature
L’état de nature représente un concept clé en philosophie politique et morale. Il désigne la condition originelle de l’homme avant la formation des sociétés et des institutions. Plusieurs philosophes ont exploré ce thème sous différents angles, révélant la complexité de la nature humaine et des relations sociales. Voici un aperçu des citations majeures qui éclairent ce concept.
1. Nature humaine et état de nature
L’état de nature est souvent perçu comme un moment d’égalité originelle. Montesquieu écrit :
« Dans l’état de nature, les hommes naissent bien dans l’égalité; mais ils n’y sauraient rester. La société la leur fait perdre, et ils ne redeviennent égaux que par les lois. » — De l’esprit des lois (1748)
Cette citation souligne l’idée que la société modifie la condition initiale des hommes. Rousseau, bien qu’absent ici, partage cette notion d’égalité primitive.
Thomas Hobbes présente une vision plus sombre :
« A l’état de nature l’homme est un loup pour l’homme, à l’état social l’homme est un dieu pour l’homme. » — Épître dédicatoire. À monseigneur le comte de Devonshire
Pour Hobbes, la société canalise la sauvagerie naturelle en imposant des règles protectrices.
Un autre aspect central est la propriété, vue comme élément fondateur de la civilisation :
« Le droit de propriété est inhérent à la nature humaine. Sans droit de propriété, il n’y aura nul intérêt à cultiver la terre. Abolissez-le et nous retournons à l’état sauvage. » — Résurrection (1899)
2. La nature sauvage et la civilisation
La tension entre nature et culture s’exprime dans l’opposition entre innocence supposée de l’état sauvage et les contraintes de la civilisation.
« C’est une grande erreur que d’attribuer l’innocence à l’état sauvage; tous les appétits de la nature se développent sans contrôle dans cet état: la civilisation seule enseigne les qualités morales. » — Histoire de France, Moeurs générales des XIIe, XIIIe et XIVe siècles
Cette perspective réhabilite la civilisation comme source d’apprentissage moral.
La violence naturelle est aussi au cœur de la réflexion. Fanon associe le colonialisme à une brutalité primale :
« Le colonialisme n’est pas une machine à penser, n’est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence. » — Les Damnés de la terre (1961)
3. Philosophie, réflexion et état de nature
L’état de nature n’est pas seulement un concept de politique, mais aussi un terrain philosophique pour la réflexion.
« La pensé rationnelle a un état civil: on connait son lieu et sa date de naissance. C’est au VIe siècle avant notre ère, dans les cités grecques d’Asie Mineure, que surgit une forme de réflexion nouvelle, toute positive, sur la nature. » — Mythe et pensée chez les Grecs (1965)
Cette citation montre que la philosophie naît d’une capacité nouvelle à analyser la nature et les conditions humaines.
Une autre citation invite à voir l’homme pleinement dans son état naturel ou social :
« En littérature, on ne subsiste qu’à la condition d’être franchement et complètement un exemplaire poussé à son plus haut point d’un certain état de la nature, ou de la société humaine. » — Etudes et portraits (1891), Pascal
4. Rapport entre nature, vie et état de nature
Le lien entre la vie, la nature et l’état originel pose aussi des questions biologiques et existentielle :
« L’état de l’animal que la mort naturelle va anéantir se rapproche de celui où il se trouvait dans le sein de sa mère, et même celui du végétal, qui ne vit qu’au-dedans, et pour qui toute la nature est en silence. » — Recherche physiologiques sur la vie et la mort (1800)
Elle décrit un retour à un état simple et silencieux, d’où émane la vie.
Autre idée clé, l’état naturel est une dynamique de solutions et d’adaptations :
« Il n’existe pas de problèmes dans la nature, mais seulement des solutions car l’état naturel est un état adaptatif donnant naissance à un système cohérent. » — Courtisons la terre (1980)
5. Perspectives philosophiques complémentaires
Certains philosophes voient dans l’état de nature une élévation morale :
« L’homme dans l’état de la création ou dans celui de la grâce est élevé au-dessus de toute la nature, rendu comme semblable à Dieu, et participant de sa divinité. » — Pensées (1670)
Pour d’autres, le travail manuel ramène au plus proche de cette nature :
« De toutes les occupations qui peuvent fournir la subsistance à l’homme, celle qui le rapproche le plus de l’état de nature est le travail des mains : de toutes les conditions, la plus indépendante de la fortune et des hommes est celle de l’artisan. » — Emile ou De l’éducation (1762)
6. Citations spécifiques notables
- Thomas Hobbes : L’homme à l’état de nature est un loup pour l’homme.
- Jean-Jacques Rousseau : Concept largement associé à l’égalité originelle et à la corruption par la société.
Points clés à retenir
- L’état de nature désigne la condition primitive de l’homme avant la société.
- Il révèle une égalité naïve qui cède aux inégalités sociales.
- La propriété privée est essentielle pour sortir de l’état sauvage.
- L’état social civilise les instincts naturels souvent violents.
- La réflexion philosophique naît de la volonté de comprendre la nature humaine.
- L’état naturel est un système d’adaptations, non un idéal d’innocence.
- Différentes traditions philosophiques offrent des visions contrastées.
Démêler les citations philosophiques sur l’état de nature : une plongée dans l’origine humaine
L’état de nature est une idée qui fascine et dérange depuis des siècles. C’est l’état supposé de l’humanité avant toute civilisation, loi ou institution. Alors, qu’est-ce que les grands penseurs nous disent de cette condition première ? Était-elle vraiment idyllique, ou un chaos sauvage ? L’état de nature évoque autant l’innocence originelle que la brutalité première.
Voyons en détail ce que dévoilent ces citations célèbres et ce qu’elles apportent à la réflexion contemporaine.
Nature humaine et état de nature : égalité, propriété et contradictions
Montesquieu ouvre le bal avec une réflexion subtile : « Dans l’état de nature, les hommes naissent bien dans l’égalité; mais ils n’y sauraient rester. La société la leur fait perdre, et ils ne redeviennent égaux que par les lois. » (De l’esprit des lois, 1748). Cette idée oppose l’état naturel, où l’égalité est innée, aux sociétés humaines où elle se perd. Ironique, non ? La société crée les inégalités mais doit aussi instaurer des lois pour les corriger.
Un autre éclairage vient de la notion de propriété. Dans Résurrection (1899), l’auteur rappelle : « Le droit de propriété est inhérent à la nature humaine. Sans droit de propriété, il n’y aura nul intérêt à cultiver la terre. Abolissez-le et nous retournons à l’état sauvage. » Ici, la propriété privée ne serait pas un simple caprice social, mais une nécessité pour le progrès. Alors l’état « sauvage » serait-il un retour en arrière, un chaos sans culture ?
Thomas Hobbes, le papa du « l’homme est un loup pour l’homme », illustre cette tension : « A l’état de nature l’homme est un loup pour l’homme, à l’état social l’homme est un dieu pour l’homme. » Cette citation crève l’abcès : sans règles, l’homme est dangereux et prédateur. Mais conforme aux sociétés, il peut être divin, protecteur. Cette dualité reste d’actualité. Combien de fois le virtuel révèle-t-il nos loups cachés?
La civilisation enlève-t-elle vraiment la nature humaine ?
Contrairement à l’idéal romantique de l’état sauvage pur et paisible, plusieurs penseurs réfutent cette idée. Un extrait d’une Histoire de France démarque clairement que l’innocence ne règne pas dans la nature : « C’est une grande erreur que d’attribuer l’innocence à l’état sauvage; tous les appétits de la nature se développent sans contrôle dans cet état: la civilisation seule enseigne les qualités morales. » En clair, sans la civilisation, les instincts animaux priment, sans bride ni frein.
Frantz Fanon décrit également le colonialisme comme « la violence à l’état de nature » dans Les Damnés de la terre (1961). Là où la force brute domine, la raison et la justice reculent. Cette phrase nous pousse à réfléchir : la civilisation ne doit pas seulement réprimer l’état sauvage, mais canaliser la violence pour éviter le chaos.
Philosophie et réflexion face à la nature humaine
Le passage à la réflexion rationnelle est lui-même un changement « contre nature »: « J’ose presque dire que l’état de réflexion est un état contre nature et que l’homme qui médite est un animal dépravé. » (Discours sur l’origine de l’inégalité, 1755). Voilà une idée qui frappe fort ! En effet, pourquoi la pensée abstraite et le doute ne seraient-ils pas des décadences face à une nature innocente et instinctive ?
Mais la pensée ouvre aussi la voie à une meilleure compréhension de nous-mêmes et de notre environnement. Par exemple, la naissance de la pensée rationnelle au 6e siècle av. J.-C. en Grèce, comme le souligne Mythe et pensée chez les Grecs (1965), marque un tournant décisif dans la maîtrise de la nature.
Le rapport vital entre nature, vie et état de nature
Les liens entre vie, nature et état de nature ne sont pas qu’abstractions philosophiques. Marie François Xavier Bichat nous offre une image saisissante : « L’état de l’animal que la mort naturelle va anéantir se rapproche de celui où il se trouvait dans le sein de sa mère… » (1800). En fin de compte, l’état naturel peut être vu comme une boucle, un retour à l’origine, très proche du non-être et du silence complet de la nature. Effrayant ou apaisant selon l’humeur.
D’un autre côté, selon Courtisons la terre (1980), « Il n’existe pas de problèmes dans la nature, mais seulement des solutions… ». C’est rassurant. La nature n’est pas un chaos sans fond, mais un système local de réponses coordonnées à la vie.
Autres perspectives et vérités à méditer
Alors que Rousseau voit l’état de nature comme une innocence perdue, Blaise Pascal place l’homme presque au-dessus de la nature: « L’homme dans l’état de la création ou dans celui de la grâce est élevé au-dessus de toute la nature… » (Pensées, 1670). Ce regard élève la condition humaine comme unique, fragment divine, mais fragilisée.
Enfin, la citation amusante d’Ambrose Bierce dans Le Dictionnaire du Diable (1911) nous rappelle que dans la nature, les mammifères allaitent leurs petits, mais en société, on délègue cette tâche à la nourrice ou au biberon. C’est un beau clin d’œil sur l’adaptation de la nature aux contraintes sociales, un vrai dilemme entre instinct et modernité.
Prendre le meilleur de cette réflexion : conseils pratiques
- Pensez à votre propre équilibre entre nature et société. Rappelez-vous, comme le souligne Montesquieu, que les lois rétablissent l’égalité qui existe naturellement, mais se perd facilement.
- Ne croyez pas que l’état naturel est toujours doux et innocent. Cultivez la civilisation en valorisant empathie et respect mutuel.
- Utilisez la réflexion rationnelle pour mieux comprendre vos instincts, mais évitez de sur-analyser au point de vous détruire.
- Réapprenez à vivre avec la nature, non pas en la battant, mais en coopérant. Cueillir un champignon, comme le dit Un parfum d’herbe coupée (2013), peut être un bonheur simple et brut.
En somme, les citations sur l’état de nature nous offrent un grand miroir : celui de l’humanité dans ses contrastes. Tantôt innocent et égal, tantôt sauvage et père du chaos, l’état de nature n’est qu’un cadre, un point de départ. Notre vrai défi est de créer la société qui saura respecter cette nature originelle, sans l’étouffer ni la laisser déraper.
Alors, que retenez-vous de cet état de nature ? Est-ce un paradis perdu ou une bête à dompter ? Peut-être un peu des deux, avec beaucoup d’humanité en prime.
Qu’est-ce que l’état de nature selon les philosophes ?
L’état de nature est souvent vu comme la condition originale de l’homme avant la société. C’est un état où l’homme vit sans lois ni gouvernements.
Comment Thomas Hobbes décrit-il l’état de nature ?
Hobbes dit que dans l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme, ce qui signifie que l’homme est cruel et agressif sans la présence de la société.
Quel rôle joue la propriété dans l’état de nature ?
La propriété est vue comme essentielle à la nature humaine. Sans droit de propriété, l’homme retournerait à un état sauvage sans motivation pour cultiver la terre.
Pourquoi certains pensent que l’état de nature n’est pas un état innocent ?
L’état sauvage développe des appétits sans contrôle. La civilisation, elle, enseigne les règles morales et la maîtrise des passions naturelles.
Comment la réflexion est-elle perçue en lien avec l’état de nature ?
La réflexion rationnelle est considérée comme contraire à l’état naturel. Elle est une invention sociale née avec la civilisation, loin de l’instinct brut.
Quel rapport y a-t-il entre travail manuel et état de nature ?
Le travail manuel rapproche l’homme de l’état de nature, car il est indépendant des fortunes et des influences sociales.