Victor Hugo et son discours sur la peine de mort
Victor Hugo manifeste un engagement constant et radical contre la peine de mort, notamment à travers son discours du 15 septembre 1848 à l’Assemblée constituante où il réclame son abolition pure et simple.
Engagement abolitionniste de Victor Hugo
Victor Hugo se positionne en abolitionniste inébranlable tout au long de sa vie. Son combat s’appuie d’abord sur ses œuvres littéraires. Dans Le dernier jour d’un condamné (1829) et Claude Gueux (1834), il dépeint la souffrance infligée par l’exécution capitale. Ces récits, nés de ses observations dès l’enfance, traduisent une souffrance morale liée à la cruauté de la peine de mort.
Outre la littérature, Hugo agit politiquement comme pair de France. Il intervient pour défendre des condamnés à mort, sans succès. Son discours de septembre 1848 représente l’apogée de son combat parlementaire contre la peine capitale.
Contexte historique et législatif au XIXe siècle
Les débats sur la peine de mort en France s’intensifient dès les années 1830. Une proposition de loi en 1830 réclame son abolition. La législation s’adoucit par étapes : en 1832, neuf cas d’application de la peine capitale sont supprimés du code pénal. En 1838, des débats mobilisent des voix, tel Lamartine.
En 1848, la Deuxième République abolit la peine de mort dans les affaires politiques. Victor Hugo approuve cette mesure, fruit d’une évolution républicaine plus large.
Le discours du 15 septembre 1848 : un plaidoyer puissant
Lors de sa prise de parole à l’Assemblée constituante, Hugo affirme l’inviolabilité de la vie humaine, demandant qu’elle soit protégée de manière plus absolue que le domicile.
Il qualifie la peine de mort de « signe spécial et éternel de la barbarie ». Il oppose la civilisation aux sociétés qui participent à l’exécution capitale. Pour lui, le siècle des Lumières a déjà aboli la torture, et le XIXe siècle abolira inévitablement la peine de mort.
Sur le plan moral et religieux, Hugo rappelle que la vie n’appartient qu’à Dieu, pas aux hommes, rejetant ainsi toute justice humaine qui s’arrogerait ce droit. Il met en garde contre la nature irréversible et irrémédiable de la peine capitale, qui peut mener à des erreurs judiciaires irréparables.
Il incite à voir l’abolition comme un geste révolutionnaire, comparant la chute du trône à la nécessité de faire tomber l’échafaud, symbole de la violence d’État. Son appel final est net et limpide :
Je vote l’abolition pure, simple et définitive de la peine de mort.
Suite du combat et postérité
Victor Hugo conserve son combat même en exil. À Guernesey, il soutient la commutation de la peine capitale de John Tapner, mais rencontre l’inflexibilité politique. Le retour de la République lui offre peu de satisfactions, notamment face à la répression sanglante des communards.
Son discours et son action nourrissent durablement le débat abolitionniste, inspirant les militants jusqu’à la loi du 9 octobre 1981 qui supprime la peine de mort en France.
Actions militantes et collaboration
Hugo refuse les amendements qui maintiennent la peine de mort en vigueur, poursuivant un combat radical. Avec Lamartine, il rédige un placard dénonçant fermement cette sanction et déconstruisant les justifications courantes.
Le Gouvernement provisoire de 1848, dans lequel Lamartine est impliqué, décrète l’abolition de la peine de mort pour les crimes politiques, satisfaisant partiellement leur engagement.
Objectifs intellectuels et moraux dans la lutte contre la peine de mort
Victor Hugo ne se limite pas à condamner moralement la peine capitale. Il invite à une analyse approfondie du phénomène pénal et social qu’elle représente, combinant émotion, réflexion et action. Son langage puissant joue un rôle clé dans la persuasion du public et des législateurs.
La métaphore de « brûler l’échafaud » après avoir « brûlé le trône » donne une force symbolique à son discours. Elle contribue à concrétiser ses idées dans l’esprit des auditeurs, transformant une conviction morale en un appel politique.
Points clés à retenir
- Victor Hugo est un abolitionniste déterminé, engagé par son vécu et ses écrits contre la peine de mort.
- Son discours du 15 septembre 1848 à l’Assemblée constituante est une étape majeure du mouvement abolitionniste en France.
- Il défend l’inviolabilité de la vie humaine, considère la peine de mort comme une manifestation de barbarie et un acte irréparable.
- Malgré des échecs politiques, il maintient activement sa lutte lors de son exil et influence durablement la cause.
- Son combat allie lucidité, puissance morale et un visage révolutionnaire marquant pour l’histoire judiciaire française.
Victor Hugo discours peine de mort : un cri éternel contre la barbarie
Victor Hugo, à travers son discours du 15 septembre 1848 à l’Assemblée constituante, lance un appel puissant et clair pour l’abolition pure et simple de la peine de mort.
Ce discours ne s’improvise pas. Il est le fruit d’un combat de toute une vie, alimenté par une expérience personnelle et une œuvre littéraire engagée. Mais que cache ce fameux discours ? Quelle a été la genèse de cette prise de position ? Et surtout, pourquoi ce discours continue-t-il aujourd’hui à raisonner ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble.
L’engagement abolitionniste de Victor Hugo : un combat de toute une vie
Victor Hugo ne fait pas que parler, il agit. Son opposition à la peine capitale est née très tôt, lors de son enfance marquée par la vision de cruelles exécutions en Espagne et en France. Ces images le hanteront longtemps.
Il aura recours à son arme favorite : la littérature. En 1829, dans Le dernier jour d’un condamné, il fait vibrer la corde sensible du lecteur en décrivant l’agonie douloureuse d’un homme sur le point d’être exécuté. Ce roman est un cri, une dénonciation sans fard de la barbarie étatique. Quelques années plus tard, en 1834, Claude Gueux reprend ce thème, en exposant cette fois un drame social lié à la peine de mort.
Victor Hugo y confesse même qu’écrire ces livres l’a libéré d’une « culpabilité » intuitive : celle d’assister passivement à cette torture morale qu’est la machine judiciaire d’exécution. Il l’exprime clairement en 1832 : « Se laver les mains est bien, empêcher le sang de couler serait mieux. » Voilà tout son combat résumé en une phrase simple et puissante, sans fioritures.
Un discours historique face à une Assemblée sceptique
Le 15 septembre 1848, Victor Hugo grimpe à la tribune de l’Assemblée constituante. La Deuxième République vient à peine d’être proclamée, et voici qu’arrive la question cruciale : faut-il abolir la peine de mort ?
Dans ce contexte politique bouillonnant, Hugo ne s’embarrasse pas de longs discours. Il commence humblement, avouant ne pas s’attendre à parler, mais précise que ses mots « partiront du sentiment d’une conviction profonde et ancienne ». Pas de discours pompeux, mais une urgence morale palpable.
Il rappelle d’emblée que la société venait de consacrer « l’inviolabilité du domicile », et qu’il s’agit maintenant d’élever cette protection à un niveau plus noble : l’inviolabilité de la vie humaine. Ce glissement conceptuel est simple mais dévastateur : protéger les murs d’une maison est bien, protéger la vie est essentiel.
La peine de mort, ce vestige de la barbarie
Hugo ne tourne pas autour du pot. « Qu’est-ce que la peine de mort ? » demande-t-il. C’est le « signe spécial et éternel de la barbarie ». Son raisonnement est limpide : les sociétés qui clament la civilisation écartent peu à peu ce châtiment extrême. Là où elle subsiste, la barbarie règne en maîtresse.
Son discours fait mouche, provoquant des réactions – tantôt approbations, tantôt protestations – car son propos déstabilise un système enraciné. Cette abolition n’est pas juste politique ; elle incarne un saut vers une meilleure humanité. Quoi de plus déstabilisant ?
Un éclairage moral et religieux
Hugo adresse aussi un point crucial sur la morale et la religion. Comment une constitution, qui commence par la formule « En présence de Dieu », peut-elle s’arroger un droit que seuls Dieu possède : celui de donner la mort ?
Il invoque trois domaines que l’homme ne devrait jamais pénétrer : « l’irrévocable, l’irréparable, l’indissoluble ». La peine de mort s’inscrit dans ce triptyque interdit. Dès lors, toute loi d’exécution est une offense à la conscience humaine, un poids qui finit par déformer la justice et les mœurs.
L’espoir d’un monde qui renverse l’échafaud
Vous sentez l’énergie d’Hugo quand il évoque février 1848. Après avoir « brûlé le trône », la foule aspirait à brûler aussi l’échafaud. Ce geste symbolique aurait été un vrai bouleversement, une rupture nette avec la logique du châtiment sanguinaire.
Hélas, les hommes politiques, selon lui, n’ont pas été à la hauteur de ce grand cœur populaire. Le discours se termine par un appel vibrant : « Eh bien, dans le premier article de la constitution que vous votez, vous avez renversé le trône. Consacrez l’autre, renversez l’échafaud. Je vote l’abolition pure, simple et définitive de la peine de mort. »
Le combat ne s’arrête pas à l’hémicycle
Malgré la force de ce plaidoyer, les amendements abolitionnistes sont rejetés par une majorité. Pas de triomphe immédiat.
Mais Hugo ne baisse pas les bras. Même durant son exil, il plaide pour la clémence. En 1854, il alerte la population de Guernesey pour sauver John Tapner de la guillotine, sans succès. Cette détermination témoigne d’un engagement sans faille jusqu’à la fin de sa vie.
Une collaboration politique contre la peine capitale
Pour renforcer son combat, Hugo collabore avec d’autres figures politiques renommées, notamment Alphonse de Lamartine. Ensemble, ils réalisent un placard détonnant qui démonte point par point les arguments en faveur de la peine de mort.
Cette alliance porte ses fruits : le Gouvernement provisoire de 1848, avec Lamartine en son sein, élimine la peine de mort en matière politique – une première victoire partielle.
Victor Hugo, un orateur au langage évocateur et stratégique
Victor Hugo ne se contente pas d’être un homme d’émotion. Il sait que pour convaincre, il faut combiner la passion et la raison.
Il utilise des images fortes : brûler le trône, brûler l’échafaud, deux symboles révolutionnaires puissants. Cette logique dramatique sert à ébranler les certitudes et à réveiller la conscience collective. Il passe ainsi de la simple conviction à une persuasion efficace. Un vrai tour de force rhétorique.
Pourquoi ce discours reste-t-il une référence ?
Au-delà du moment politique, ce discours s’inscrit dans une stratégie globale mêlant émotion, raisonnement et appel à la conscience humaine. Hugo ne se contente pas de dénoncer la peine de mort, il invite à comprendre le phénomène, à réfléchir et à agir.
Ainsi, plus d’un siècle plus tard, ce discours sert encore de référence, comme un phare guidant les militants abolitionnistes jusqu’à la loi historique du 9 octobre 1981.
Résumé express du combat de Victor Hugo
- Victor Hugo consacre toute sa vie à la lutte contre la peine capitale, s’appuyant sur son vécu et son œuvre littéraire marquante.
- Son discours de 1848 à l’Assemblée est un vibrant appel moral et politique à abolir la peine de mort.
- Malgré des échecs répétés, Hugo ne relâche jamais son combat, même en exil.
- Il collabore avec d’autres battants, comme Lamartine, pour dénoncer le « meurtre légal ».
- Sa rhétorique allie émotion et raison pour mobiliser les consciences autour d’une cause humaniste.
Et si Victor Hugo avait raison ?
La peine de mort est-elle vraiment compatible avec une société dite civilisée ? Si elle persiste partout où « la barbarie domine », comme le dit Hugo, pourquoi cette pratique infâme ne serait-elle pas abandonnée une bonne fois pour toutes ?
Comme un vieux sage, Victor Hugo aurait sans doute lancé : « Arrêtons de cautionner la barbarie en notre nom. A quoi bon brûler les trônes si c’est pour maintenir les échafauds ? »
Alors, la prochaine fois que la question revient sur la table, pensez à Victor Hugo et à son cri tonitruant de 1848, une invitation à protéger la vie, la vraie.
Pourquoi Victor Hugo a-t-il écrit *Le dernier jour d’un condamné* ?
Il a voulu dénoncer la cruauté de la peine de mort. Ce roman naît de son expérience personnelle d’avoir vu des exécutions dans son enfance. Écrire lui a permis d’exprimer son indignation et de sensibiliser le public.
Quel est le message principal du discours de Victor Hugo du 15 septembre 1848 ?
Il défend l’inviolabilité de la vie humaine et réclame l’abolition pure et simple de la peine de mort. Hugo affirme que la peine capitale est un signe de barbarie contraire aux principes civils et moraux.
Comment Victor Hugo relie-t-il la peine de mort à la barbarie dans son discours ?
Il explique que là où la peine de mort existe, triomphe la barbarie. Inversement, les sociétés civilisées réduisent son usage. Pour lui, abolir la peine de mort est une étape vers plus de civilisation.
Victor Hugo a-t-il eu un rôle politique dans la lutte contre la peine de mort ?
Oui, il fut pair de France et a pris la parole à l’Assemblée constituante. Malgré des échecs initiaux, son discours de 1848 a marqué les esprits et appuyé les débats abolitionnistes.
Quelles raisons morales Victor Hugo avance-t-il dans son discours pour abolir la peine de mort ?
Il évoque que le droit de vie et de mort appartient à Dieu seul. Il insiste sur les notions d’irréversibilité et d’irréparabilité, soulignant le risque d’erreurs judiciaires et la conscience troublée par la loi capitale.